L’agro-numérique : une évolution qui attire les cybercriminels
Longtemps éloignées des questions numériques, les exploitations agricoles sont désormais en
première ligne face aux cyberattaques. Logiciels de gestion, stations météo connectées, robots
de traite, plateformes en ligne…
L’agriculture s’est digitalisée, et cela attire désormais les cybercriminels. Et ces derniers mois ont montré que le secteur est devenu très vulnérable. 30 000 éleveurs paralysés dans le Sud-Ouest. En décembre, une cyberattaque touche l’hébergeur des logiciels agricoles, rendant le service Synel indisponible dans 22 départements.
Ce logiciel sert à déclarer les naissances, ventes et décès d’animaux une obligation réglementaire.
Du jour au lendemain :
- impossible de déclarer les veaux,
- impossible de commander les boucles,
- impossible de mettre à jour les inventaires.
Pendant plusieurs semaines, 30 000 éleveurs doivent revenir au papier, avec le risque d’oublis et de sanctions lors des contrôles. L’attaque est un ransomware : les pirates ont chiffré les serveurs et exigé une rançon.
Il faut tout reconstruire. Des risques très concrets sur les exploitations Une cyberattaque dans une ferme ne se limite pas à un ordinateur bloqué. Elle peut toucher directement le fonctionnement de l’exploitation.
Élevage hors-sol
Une attaque peut bloquer la régulation de température → risque de mortalité animale.
Exploitation laitière
Un robot de traite piraté peut s’arrêter ou fonctionner de manière dangereuse.
Producteurs de fruits / maraîchers
Un pirate peut perturber l’irrigation, les capteurs de sol, la météo connectée, avec un impact
direct sur les cultures.Dans un secteur où chaque jour compte, un simple blocage numérique peut bouleverser
toute l’activité.
Pour un éleveur comme Nicolas Betbeder, cela s’est traduit par un retour brutal au papier-crayon : « Tout est bloqué. Adieu le suivi agile sur mon smartphone », explique-t-il.

Récemment, le géant japonais de la bière Asahi a été frappé par une cyberattaque massive : le 29 septembre 2025, ses systèmes informatiques responsables des commandes, de la logistique et des expéditions ont été paralysés.
L’entreprise a dû suspendre commandes et livraisons, interrompre ses centres d’appel et passer temporairement à des traitements manuels.

En novembre 2021, le Groupe Avril un acteur majeur de l’agroalimentaire français a été victime d’une cyberattaque déclenchée après l’ouverture d’un fichier vérolé. Le réseau informatique interne, les messageries et les outils numériques ont immédiatement été neutralisés ; de nombreuses entités du groupe ont dû fonctionner en « mode dégradé », certains sites industriels ou administratifs voyant leurs lignes de production ou leurs services ralentis ou en arrêt

Au-delà de l’élevage et de la grande industrie, des structures beaucoup plus petites sont aussi touchées.
En Suisse romande, une PME spécialisée dans la production de jus de pomme a récemment été paralysée par un ransomware : les lignes d’embouteillage automatisées ont dû être arrêtées, les commandes suspendues, et toute la traçabilité a été gérée manuellement pendant plusieurs jours. Un simple serveur chiffré a suffi à bloquer toute la chaîne du lavage des fruits à l’expédition

Ces quatre incidents rappellent une réalité simple : lorsqu’une attaque touche le numérique d’une exploitation ou d’une entreprise agroalimentaire, c’est bien toute la chaîne de la production à la distribution qui vacille, avec des impacts immédiats sur l’activité, les revenus et parfois même la sécurité sanitaire.
Pourquoi l’agriculture attire les cybercriminels ?
Le milieu agricole cumule plusieurs fragilités :
- Des outils numériques indispensables mais souvent anciens
- Peu de protection informatique
- Une activité impossible à arrêter (idéal pour extorquer une rançon)
- Une forte dépendance aux plateformes en ligne
- Peu de sensibilisation des équipes
Pour les cybercriminels, c’est une cible rentable et facile. Des conséquences immédiates :
- des retards administratifs,
- des pertes de productions,
- l’impossibilité de vendre,
- des journées entières d’activité à l’arrêt,
- une perte de chiffre d’affaires importante,
Selon les assureurs :
une attaque coûte entre 10 000 et 100 000 €
60 % des PME touchées ferment dans les 6 mois

La directive NIS2 et les agriculteurs : ce qui change
La directive européenne NIS2 (Network and Information Security), qui entre en application en 2024, renforce fortement les obligations de cybersécurité pour de nombreux secteurs stratégiques.
L’objectif : protéger les activités essentielles à la vie du pays, dont l’alimentation.
NIS2 classe les acteurs en deux catégories :
- Entités essentielles
- Entités importantes
Et bonne nouvelle : l’agriculture fait désormais partie des secteurs surveillés, notamment lorsque l’activité dépend d’outils numériques critiques ou lorsqu’elle touche à la chaîne alimentaire.
Qui peut être concerné dans le secteur agricole ?
Les exploitants agricoles et acteurs de l’agroalimentaire peuvent devenir concernés par NIS2 si :
- leur activité repose sur des systèmes numériques critiques (robots, chaînes de production, traçabilité, automatisation…)
- ils alimentent une partie importante d’une filière (coopératives, abattoirs, CUMA, PME agro…)
- ils travaillent avec des données sensibles (traçabilité, santé animale, certificats, flux logistiques)
- ils sont intégrés dans des chaînes de valeur interconnectées (transport, transformation, distribution)
Dans ces cas-là, ils peuvent être classés comme entité importante (voire essentielle pour certains acteurs agro-industriels).
Cela implique de nouvelles obligations, par exemple :
- sécurisation des accès
- gestion des incidents
- sauvegardes résilientes
- audits
- réaction en cas d’attaque
- notification obligatoire des incidents majeurs
- politique de cybersécurité documentée
Pour beaucoup d’exploitations, c’est une nouveauté totale et un changement majeur dans leur organisation.
Chez Ventury Technology, nous accompagnons les exploitants agricoles
Chez Ventury Technology, nous accompagnons les acteurs agricoles avec une approche complète, pensée pour leur réalité terrain et les futures obligations européennes :
Sécurisation et contrôle des accès
Mise en place d’identifiants robustes, gestion des droits, limitation des accès distants et sécurisation des équipements critiques (robots, capteurs, logiciels agricoles).
Analyse de risques dédiée au monde agricole
Évaluation des faiblesses de l’exploitation (logiciels, bâtiments connectés, outils IoT, traçabilité) afin d’identifier les priorités de protection.
Audits de sécurité et vérification de conformité NIS2 / RGPD / ISO 27001
Analyse technique et organisationnelle, revue des bonnes pratiques, contrôle des points sensibles et création d’un plan de mise en conformité réaliste.
Sauvegardes fiables et résilientes
Mise en place de sauvegardes hors-ligne ou dans le cloud, test de restauration, protection des données sensibles (traçabilité, facturation, inventaires).
Gestion et réponse aux incidents
Procédures simples pour détecter rapidement une attaque, réagir efficacement, isoler les systèmes, prévenir les pertes et limiter l’impact sur la production.
Accompagnement pour la notification obligatoire des incidents majeurs
Assistance dans la déclaration aux autorités compétentes (ANSSI, DPO, organismes agricoles) lorsque cela est requis par NIS2.
Plan d’action et plan de continuité d’activité sur mesure
Définition de mesures adaptées à la taille de l’exploitation, maintien de l’activité en cas d’incident, organisation des rôles clés.
Préparation et gestion de crise
Simulations, création d’un plan de crise, accompagnement pendant et après une attaque pour réduire l’impact économique.
Formations simples et pratiques pour les équipes terrain
Ateliers pédagogiques pour reconnaître un mail piégé, adopter les bons réflexes et éviter les erreurs qui mènent le plus souvent aux cyberattaques.
Nos agriculteurs sont une véritable richesse nationale : leur savoir-faire, la qualité de leurs produits et leur rôle central dans notre souveraineté alimentaire en font un trésor à protéger. Avec l’arrivée de la directive NIS2, leurs obligations en cybersécurité vont évoluer. Nous sommes pleinement engagés à les accompagner, pas à pas, pour sécuriser leur exploitation, répondre à ces nouvelles exigences


